Sylviane Tavernier est la première femme à intégrer la Compagnie des Guides de Chamonix en 1985. Ce jour-là, c’est toute une institution qui est chamboulée, le métier de guide alors très masculin se féminise. « Petit Viking » comme ces confrères l’appellent, vient de recevoir un bouquet de fleurs sur le parvis de l’église le jour de sa titularisation. C’est d’ailleurs la première fois que le président de la Compagnie des Guides offre un tel présent à un nouvel arrivant. Sylviane a fréquenté la montagne dès son plus jeune âge. Originaire de Servoz, son imaginaire d’alpiniste se créé d’abord au côté de son père. Adolescente, c’est dans le ski à fond à haut-niveau qu’elle s’épanouit. En parallèle, elle s’entraîne en cachette pour espérer un jour passer le probatoire de guide de haute-montagne, elle réalise ces premiers solos et ces premières ouvertures dans le massif du Mont-Blanc. Elle préfère d’ailleurs le côté italien car « il est plus difficile d’y grimper ». Toujours dans les années 80, elle ouvre de nombreux itinéraires : Abominette avec Gabarrou et Profit, Petit Viking à la Pointe du Domino et Fil à Plomb au Rognon du Plan. Elle fera également plusieurs solos d’envergures : Cervin, Grandes Jorasses, Pilier d’Angle. Puis vient le temps des expéditions lointaines : ouverture en face Sud du Chopicalqui au Pérou avec René Desmaison en 1987, ouverture au Lhotse avec une expédition organisée par Reinhold Messner en 1989, tentative d’ouverture à l’Everest avec une expédition russe en 1992. Elle s’encorde avec Patrick Berhault, Christophe Profit, traverse les années 80-90 avec Escoffier, Boivin et tant d’autres. « Guide un jour, guide toujours », pour Sylviane, être à la Compagnie des Guide de Chamonix, c’est faire partie d’une confrérie. « Je pense que je suis chanceuse. Devenir guide, c’était une mission de vie ». Toujours sur le même pied d’égalité avec les hommes, elle ne se met pas en avant, et c’est peut-être cette humilité-là qui fait de Sylviane Tavernier une icône à la Compagnie des Guides. Elle a ouvert des portes et c’est à nous, maintenant, de suivre ces traces.